L’Art du Chi

Méthode Stévanovitch

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Le corps subtil et les sons

Nos sens nous révèlent d’abord un aspect grossier du monde, dans lequel il nous faut survivre. Mais, lorsqu’on se trouve à l’abri de la lutte pour la vie, les mêmes sens, le même système de perception et de cognition, peut nous dévoiler d’autres aspects du monde et notamment d’autres aspects de notre propre corps.

« C’est dans ce corps rude et malmené par l’existence que se déroule notre vie quotidienne. Toutes nos activités, depuis les plus basses besognes jusqu’aux extrêmes tentatives de dépassement de la condition humaine, engagent ce corps-là. Y compris la musique, le chant ; y compris l’amour. Et c’est aussi par le chant et par l’amour qu’on peut intégrer le corps subtil pour y vivre dans une réalité subjective bien loin des brutalités du monde extérieur.

Le corps subtil nous révèle un monde subtil, non concerné par notre langage qui nous sert à évoluer dans un monde cruel, où la férocité et la barbarie quotidiennes vident de tout sens les notions de civilisation et d’humanité.

Pour évoluer dans la réalité subtile, le langage n’est pas nécessaire. La communication se fait directement, de vie à vie, par des moyens inexplicables.

Inexplicables, si l’on n’admet pas la réalité physique du Chi. Mais, pour participer à la communion universelle de tous les vivants, on n’a pas besoin de comprendre, encore moins d’expliquer. S’identifier au Chi, être la Vie, vivre, suffit.

L’intégration du corps subtil n’est pas un état tellement exceptionnel. Cela arrive à tout le monde, dans des conditions propices, mais le plus souvent ça ne dure que quelques instants et ça passe inaperçu. Ça ne sert à rien, ça n’intéresse pas le civilisé.

On peut cependant atteindre cet état intentionnellement et s’y maintenir longtemps. Il y a pour ça, comme pour tout, des techniques appropriées.

La grande difficulté dans l’enseignement de ces techniques est le langage. Il n’existe pas de termes pour désigner les différentes parties du corps subtil. Ce sont, en fait, les mêmes parties du corps, mais leur appliquer la terminologie habituelle signifie leur faire réintégrer le monde grossier, le corps rude et malmené du civilisé. Il nous faudra donc manier le langage avec la plus grande prudence et accepter un certain flou, un certain manque de contours précis dans la terminologie. De toute façon cela ne peut pas nuire à l’apprentissage des techniques dont la maîtrise demande seulement d’innombrables répétitions.

Choisissons donc les termes que nous allons employer. Il nous faudra parler du sexe, des organes génitaux, de la libido. Même si, à notre époque, bien des choses ont changé et si les jeunes sont moins traumatisés par l’éducation fondée sur les interdits, on ne peut pas échapper au fardeau culturel millénaire qui nous conditionne à notre insu. La libido ne représente plus seulement tout ce qui est sale dans la recherche instinctive du plaisir, elle n’est plus abjecte et infamante. Elle ne reste pas moins suspecte et sert toujours de critère pour classer quelqu’un parmi les dégueulasses libidineux. Atteindre le corps subtil c’est atteindre un état de grâce, un état de pureté et de détachement où l’introduction d’un élément réaliste comme le mot sexe, apparaît comme une obscénité. Il nous faudra quand même assurer le passage d’un monde à l’autre. Aussi je me servirai d’un très beau mot, hors d’usage depuis bien longtemps. C’est le mot aimance qui signifie à la fois désir physique et besoin d’aimer. Il y aura aussi dans notre vocabulaire l’organe de aimance dont l’utilisation sera désignée par le mot aimer.

Dans les techniques que nous allons étudier, l’organe de aimance n’est qu’un lieu de référence, un repère corporel, qui nous sert à libérer, à partir de sa partie la plus sensible, un fluide de Chi chargé d’aimance. Ce fluide a tous les aspects de la réalité subtile et porte un nom : le Li-Yu (lire li-you). C’est le Li-Yu (on dit le plus souvent simplement Yu) qui va apporter aux techniques vocales ce qui leur manque pour nous faire transcender le chant et l’émission sonore. C’est le Yu qui nous fait sublimer la force physique pour en faire une puissance d’amour. »

Vlady Stévanovitch

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